C’est une évidence, tout passe par le langage. Silencieux ou non, il est le cordon symbolique qui nous relie les uns aux autres. On ne peut pas ne pas communiquer. Tout signifie. Et toujours sans filet, sans possible 2ème version, sauf à perdre la face.
Dès lors comment ne pas charger d’émotion son propre rapport à la prise de parole, à l’écriture ? Communiquer demeure un haut lieu de charge affective, et donc de réticences, de blocages, de dérobades. Chacun peut lire dans son rapport au langage, écrit ou oral, une partie de son histoire intime, pour peu qu’il prenne le temps de s’y pencher. L’exemple de la maîtrise de l’orthographe en est un, qui stigmatisme bien souvent toutes les crispations de l’enfance, conservées intactes à l’âge adulte, quand il suffirait de si peu pour se réconcilier avec la logique de ce qui n’est qu’un code. La prise de parole en est un autre, où l’expression du « je » suppose une légitimité parfois difficilement accordée.
Dire, écrire, est le champ d’exercice du « je », et bien souvent il faut revisiter sa propre histoire pour se le réapproprier et pouvoir écrire un nouveau chapitre.
Carole Genillon