Après les myriades de « Quoi » et de « Tu vois quoi » des années 90, symptomatiques d’une interrogation ambiance fin de siècle avant le grand saut dans l’inconnu, voici venu le temps du « Donc voilà » dont l’usage est tout aussi viral. Même quand il n’y a rien à conclure, en fin de phrase, voire carrément au milieu, la formule agit comme une volonté de sécuriser son discours, de finir proprement une explication souvent déroulée au fil de l’eau.
Bien souvent ces tics du langage sont proportionnels au débit de parole : plus je parle vite plus je dois consolider mon propos. Quitte à faire usage d’une coquille vide. « Donc voilà », contraction de « donc voilà ce que j’avais à te dire » est une façon de mettre sa parole sous clé, une volonté de conclusion ferme : All is under control ! Si la langue vivante est le reflet de notre époque alors c’est à se demander si ce surlignage un peu trop voyant ne trahit pas une certaine dose d’incertitude en ce début de 21ème…
Carole Genillon